Présentation

Bonjour à toutes et à tous,

Merci d’avoir laissé de côté vos obligations habituelles, pour venir à cette conférence de lancement du Comité de libération des prisonniers politiques du Cameroun.

Certains se demandent sans doute, pourquoi se préoccuper autant à Paris, de choses qui se passent à 6000 kilomètres de nous, dans un État indépendant, et dont nous n’avons souvent que de lointains échos.

Nous avons abordé cette interrogation légitime dans l’article de présentation du comité dont plusieurs médias nous ont fait l’honneur de relayer.

Permettez-nous d’ajouter à l’argumentaire succinctement développé dans ce texte, cette maxime hautement édifiante, tirée de la Lettre de Martin Luther King: «Une injustice commise quelque part est une menace pour la justice dans le monde entier.»

Permettez-nous aussi d’entrer dans le vif du sujet par cette autre pensée de Montesquieu, il n’y aura pas beaucoup de citations, rassurez-vous.

Montesquieu disait donc dans son ouvrage intitulé Considérations sur les causes de la grandeur des Romains qu’«il ny a point de plus cruelle tyrannie que celle que lon exerce à lombre des lois et avec les couleurs de la justice.»

Cest une constance, un des traits caractéristiques de la dictature, cest lusage de lappareil judiciaire comme le bras armé dune politique répressive.

Là où la corruption et la brutalité des forces de sécurités échouent à étouffer les voix dissonantes, les juges aux ordres du prince embastillent sans état d’âme ceux que celui-ci désignerait comme ses adversaires réels ou supposés.

Le Cameroun qui en dépit des apparences, les centaines de partis politiques enregistrés, les élections courues d’avance n’est pas une démocratie, n’échappe pas à cette pratique. Depuis l’indépendance de ce pays le 1er janvier 1960, ses deux présidents successifs, du haut de leur trône de chef suprême de la magistrature n’ont eu de cesse d’instrumentaliser l’appareil judiciaire, pour régler leurs comptes politiques.

On ne reviendra pas sur les procès expéditifs, de type stalinien qui ont émaillé la période Ahidjo le premier Président du pays, avec leur cortège d’exécutions publiques et de longue incarcération dans des prisons mouroirs. Ce n’est pas le sujet du jour.

La grande nouveauté du régime de Paul Biya au pouvoir depuis 32 ans, et qui nous préoccupe aujourdhui, cest que la grande majorité des prisonniers politiques sont danciens collaborateurs du président qui pendant longtemps lont aidé à asseoir et à renforcer son pouvoir.

Et l’on se demande légitimement pourquoi il enverrait en prison des personnes qui lui ont été aussi proche.

Trois facteurs sont à considérer ici:

1- La paranoïa qui semble s’être emparée du chef de l’État camerounais depuis le coup d’État militaire qui a failli mettre fin précocement à sa présidente le 6 avril 1984, c’est-à-dire moins de (02) deux ans après sa prise de fonction. Cet épisode violent a eu entre autres effets, la mise en place au sein de l’appareil étatique d’un système de clientélisme et de délation, puis de clanisme exacerbé, qui confine à l’immobilisme. Un ancien ministre cité par le quotidien Camerounais Le Messager explique les effets pervers de cette stratégie : «Le président sait que des ministres vont lui servir les têtes de leurs collègues sur des plateaux en or, les accusant dhistoires vraies ou fausses. Cest comme cela quil réussit à être renseigné sur les uns et les autres». Il ajoute: «cette technique lui a permis de recevoir des rapports fondés ou pas sur certains de ses collaborateurs de qui des collèges ont dit des choses abominables dans lintention de se maintenir à leur fonction. On a ainsi dit que de certains quils sont tellement fortunés quils peuvent financer une milice, dautres quils ambitionnent de prendre le pouvoir, dautres encore quils tissent des réseaux pour déstabiliser le pays avec le soutien déjà négocié des États européens».

2- Labsence dalternance politique: en dépit du retour contraint au multipartisme dans les années 90 à la suite du discours de La Baule, le pouvoir suprême est détenu par la même personne depuis plus de trois décennies. Paul Biya a verrouillé le système électoral qu’il contrôle absolument. Paupérisée, l’opposition s’est complètement décrédibilisée en étalant ses divisions et en s’exposant à la manipulation et à la corruption du pouvoir.

Résultat: la grande crainte du prince va venir de son propre camp. Le Président redoute ces grands commis de l’État qui l’ont longtemps servi et qui pourraient légitimement aspirer à prendre sa place. On voit d’ailleurs que la vague des arrestations va s’accélérer après 2011. C’est l’année au cours de laquelle le Président va faire modifier la constitution pour faire sauter une disposition issue d’une précédente modification qui l’empêchait de se représenter au terme de deux nouveaux mandats. Quelques années avant cette modification qualifiée par certains de «coup d’État constitutionnel», des rumeurs avaient couru faisant état de la mise en place par certaines personnalités d’un groupe informel baptisé G11 pour génération 2011, dédié à la préparation de la succession de Paul Biya qui aurait dû quitter le pouvoir cette année-là, s’il avait respecté la loi. Certaines personnalités arrêtées et condamnées pour détournement de deniers publics soutiennent aujourd’hui qu’elles doivent leur malheur au fait d’avoir vu leurs noms cités dans les rumeurs véhiculées sur ce groupe dont l’existence réelle n’a jamais été prouvée. Quoi qu’il en soit, on ne doit pas aller en prison simplement parce que quelques délateurs nous ont prêté des intentions présidentielles, comme c’est le cas pour les anciens ministres Marafa Hamidou Yaya, Urbain Olanguena Awono, Abah Abah Polycarpe et bien dautres. Ceci est inadmissible .Ce n’est pas un crime que d’avoir servi son pays. C’est encore moins un crime que de vouloir le servir au plus haut niveau si on souhaite se soumettre au suffrage populaire.

On ne doit pas être condamné à des peines infâmantes parce qu’on est soupçonné d’avoir défendu les intérêts des travailleurs surexploités d’une bananeraie à capitaux français, ce qui pourrait gêner le prince qui croit tirer la légitimité de son pouvoir de l’ancienne puissance coloniale, comme c’est le cas de l’ancien maire Paul Eric Kinguè. Ceci est inadmissible.

On ne doit pas rester indéfiniment en prison même après avoir entièrement purgé sa peine parce qu’on a un jour été soupçonné de vouloir faire ombrage au prince en créant une association pour défendre et perpétuer la mémoire d’un résistant à la colonisation comme c’est le cas de l’ancien ministre Pierre Désiré Engo. Ceci est inadmissible.

3- En troisième lieu, on vit une ambiance de fin de règne au Cameroun. Paul Biya est officiellement âgé de 81 ans et s’il s’est jusqu’ici débrouillé pour s’éterniser au pouvoir, on sait que la nature finit toujours par reprendre ses droits. C’est le destin inchangeable de tout être vivant, de connaître un jour la disparition. Dans l’entourage du Président, la question de sa succession va donc continuer à être posée, en dépit des dangers auxquels exposent ce type d’interrogation, eu égard à la nature non démocratique du pouvoir. Cela renforce bien sûr la pratique de la délation dont nous avons déjà fait état. L’ambition étant cette fois-ci d’éliminer le maximum de compétiteurs potentiels à la succession du chef, qui appartiendrait à un clan adverse.

Partie II

Toutes ces affaires essentiellement politiques ont été rendues possibles par la faillite du système judiciaire camerounais. Dans une démocratie, la justice est une grande institution qui joue à la fois le rôle de contre-pouvoir et de régulation sociale. Instrumentalisée, la justice camerounaise a failli à cette mission essentielle. Elle est devenue un instrument de répression politique. Les règles de la procédure pénale universellement reconnues et incluses dans la loi camerounaise ont été régulièrement bafouées et sans états d’âme. On voit ainsi revenir dans de nombreux cas :

  • La pratique de la disjonction de procédure par les juges d’instruction. Cela leur permet de saucissonner un dossier pour le renvoyer par petits bouts devant le tribunal. Résultat, le justiciable se trouve confronté à une multitude de procès programmés de manière à le maintenir indéfiniment en détention.

  • La détention qui devient la règle et non ce qu’elle doit être, une exception, et se double d’un refus systématique de mise en liberté provisoire.

  • Les délais de détention préventive et de jugement excessivement longs, la multiplication des renvois qui font durer les procès sur plusieurs années.

  • Une théâtralisation à outrance des arrestations avec le déploiement de dizaines de policiers et devant les caméras de la télévision dans le seul but d’humilier les suspects.

  • Une précipitation sans commune mesure avec une justice sereine. On a ainsi vu le ministre des Enseignements secondaires, Louis Bapes Bapes, toujours en fonction être arrêté le 31 mars à son bureau puis relâché le lendemain et reprendre son travail, sans aucune explication. On rappelle ici que Mme Catherine Abena qui était secrétaire d’Etat aux Enseignements secondaires dans le même ministère a connu la même trajectoire, sauf qu’elle n’y a pas survécu. Relaxée après une année de détention, elle est décédée, affaiblie et rendue malade par la longue grève de la faim qu’elle avait observée durant sa détention.

  • L’institution d’une véritable présomption de culpabilité directement inspirée par le pouvoir exécutif. On a ainsi pu entendre le ministre camerounais de la justice, Amadou Ali dire dans la presse : «Je mets quiconque au défi de prouver que ceux qui sont arrêtés étaient innocents … Ceux qui disent qu’ils sont innocents ont bien caché ce qu’ils ont volé. » et son collègue de la Communication, Issa Tchiroma Bakary déclamer à son tour, lors d’une conférence de presse radio télévisée du 02 février 2010 : « « Qu’est-ce qu’on reproche aujourd’hui à tous ceux qui sont en prison ? On leur reproche d’avoir massivement détourné les deniers publics. Qu’est-ce qu’ils veulent faire avec tout cet argent ? Peut-être aspirent-ils à gouverner. Dans un premier temps, je vous fais remarquer une chose : pour tous les militants du RDPC qui se trouveraient aujourd’hui en prison, ils savent que les statuts du RDPC stipulent que le candidat du parti à l’élection présidentielle reste le Président national. Donc tous ceux-là qui ont détourné dans la perspective de la compétition présidentielle  savent qu’ils ne peuvent pas le faire au sein du RDPC ». Ces propos ne laissent pas de place au doute : les affaires sont bien politiques.

Ces considérations dordre général posées, nous en venons à notre définition du prisonnier politique camerounais daujourdhui.

Nous considérons comme prisonnier politique, toute personne qui serait en prison pour des motifs autres que ceux du droit commun (communément avancés) qui pourraient avoir servi de façade légale au déclenchement de son affaire.

Pour cela, nous avons retenus quelques critères:

1- La personne soutenue a été reconnue par les organisations internationales de défense des droits de l’homme comme étant un prisonnier d’opinion

2- La personne défendue est maintenue en prison au-delà de la peine qui a été prononcée contre elle par la justice.

3- Le justiciable fait face à une multiplication de procédures, dans une sorte de procès à tiroirs dont le seul but est de le maintenir en détention sans motif valable.

4- La détention dans une prison spéciale, autre que celle de droit commun

5- À ces catégories, nous ajoutons toute personne non liée à la politique mais qui a été emprisonnée non pas pour ce qu’elle a fait, mais pour ce qu’elle est. Il s’agit ici en l’occurrence des homosexuels habituellement jetés en pâture aux masses affamées pour les empêcher de demander des comptes sur la mauvaise gestion du pays.

Ces critères établis, nous avons entamé la confection dune liste, dans laquelle on peut déjà trouver les personnes ci-après, mentionnées sur le site internet du comité:

1- Pierre Désiré Engo, 73 ans Ancien ministre de l’économie et du plan (sous Ahmadou Ahidjo et Paul BIYA), puis ancien Directeur général de la Caisse nationale de prévoyance sociale du Cameroun. Emprisonné depuis 14 ans officiellement pour détournement de fonds, il a été reconnu prisonnier d’opinion par l’ONU en 2009. Il aurait dû être libéré en même temps que le français Michel Thierry Atangana. Car le décret de remise de peine signé par Paul Biya en février stipulait que toute personne condamnée pour détournement de deniers publics et ayant passé dix ans en prison serait libérée. Non seulement Monsieur Engo n’a pas été libéré, mais en plus s’est-il vu collé un nouveau procès sur la base de faits jugés fantaisistes par ses premiers juges il y a quinze (15) ans.

2- Marafa Hamidou Yaya ancien Secrétaire Genéral à Présidence de la République, puis Ministre d’État de l’Administration territorial et de la décentralisation. Arrêté mi-avril 2012, il a été condamné à 25 ans de prison ferme, officiellement pour « complicité intellectuelle » de détournement de fonds publics en lien avec l’achat d’un avion pour le Président du Cameroun. Il est considéré par le département d’État américain comme un prisonnier d’opinion.

3- Paul Eric Kingue, ancien maire de Njombé Penja, Littoral. Arrêté le 29 février 2008 à la suite des émeutes de la faim. Condamné à six ans de prison ferme, puis à vie sans même avoir été convoqué au tribunal alors qu’il se trouvait en prison. Il a été accusé de pillage en bande organisée en lien avec les émeutes de la faim de 2008 et de détournement. Mais son sait qu’il doit son malheur au fait d’avoir réclamé aux entreprises françaises qui exploitent des bananeraies dans sa commune de payer leurs arriérés de taxes. Il a été reconnu prisonnier d’opinion par l’Amnesty international dans son rapport 2013.

4- Dieudonné ENOH-MEYOMESSE historien et homme politique, arrêté en novembre 2011 il a été déclaré coupable de vol à main armée et condamné à sept (07) ans de prison à l’issue d’un procès inéquitable qui s’est déroulé devant le tribunal militaire de Yaoundé, selon le rapport 2013 d’Amnesty International qui lui reconnaît le statut de prisonnier politique.

5- Urbain Olanguena Awono ancien ministre de la santé, condamné à 20 ans de prison pour détournement de fonds de lutte contre le sida.

Voici ce qu’a écrit les bailleurs de fonds sur son cas: « Le Fonds Mondial est préoccupé par les arrestations depuis la fin du mois de mars 2008 de lancien Ministre de la Santé Publique de la République du Cameroun, Monsieur Urbain OLANGUENA AWONO, ainsi que des docteurs Maurice FEZEU, Raphaël OKALLA et Hubert WANG, respectivement Secrétaires Permanents du Comité National de lutte contre le Sida, du Programme de lutte contre le Paludisme et du Programme de lutte contre la Tuberculose. Le Fonds Mondial a constamment suivi le développement de ces affaires à travers à la fois sa représentation locale au Cameroun et les autorités camerounaises. A notre avis, laxe des enquêtes menées par les autorités camerounaises nengage pas le Fonds Mondial. En tout point de vue, tous les rapports financiers et la revue des programmes financés par notre institution montrent à suffisance quils ont été gérés de façon satisfaisante à cette date. Le Fonds Mondial na aucune preuve montrant une mauvaise utilisation des crédits alloués au Cameroun. ».

Texte signé du Prof. Michel KAZATCHKINE, à l’époque Directeur Exécutif du Fonds Mondial contre le sida

La liste est évidemment non limitative

La mission de notre mouvement se décline en plusieurs catégories dactions

  1. Étudier les cas et rassembler tous les éléments prouvant le caractère politique de la détention des concernés

  2. Sensibiliser l’opinion publique internationale à travers des campagnes médiatiques et d’autres actions

  3. Mobiliser toutes les forces, organisations, et institutions pouvant concourir efficacement à la libération de celles et ceux dont le caractère politique ou arbitraire de la détention aura préalablement été établi

  4. Mener et soutenir toute action auprès des juridictions internationales et des organisations inter-étatiques dans lesquelles siège le Cameroun.

Partie III

Nous appelons à un sursaut de conscience et de de la part des juges, qui oubliant leur serment ont servi de bras armé à toutes ces condamnations téléguidées par le pouvoir exécutif, parfois par peur, parfois par opportunisme. Le sort du justiciable ne doit pas servir de variable d’ajustement de leur trajectoire professionnelle.

Nous lançons un vibrant appel au chef de l’État camerounais Paul BIYA dont la responsabilité se trouve interpellée dans son rôle de garant du respect constitutionnel de l’indépendance de la justice.

Nous prions le président François Hollande de ne pas rester silencieux sur cette situation qui à terme pourrait sérieusement menacer la paix sociale au Cameroun, et souhaitons qu’il fasse usage de ses liens privilégiés avec son homologue camerounais pour une résolution rapide de ces affaires.

Nous invitons la communauté internationale et toutes les bonnes volontés à se mobiliser pour mettre fin aux emprisonnements politiques au Cameroun.

Nous vous remercions.

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THE COMMITEE FOR THE LIBERATION OF POLICAL PRISONNIERS STATEMENT

Hello everyone,

The C2LP greatly appreciate y’all making time to stand up and participate with us at this inauguration of the Committee for the Liberation of Political Prisoners conference.

The C2LP understands that a minority of people are still wondering, why wasting so much time for things happening 6000 kilometers outside of Paris? Why spent time worrying about the affairs of a sovereign and independent country such as Cameroon (and others in Central Africa ) from which we often only hear distant echoes?

This is how we are addressing all of these legitimate questions:

The C2LP begins with the recognition that the country of Cameroon, despite cosmetic appearances, hundreds of registered political parties, and regular elections is not a democracy. Since the country’s independence on January 1, 1960, its two successive presidents as supreme head of the judiciary, have consistently used the judiciary to settle political disputes.

As such, the C2LP is inspired and driven by the powerful words of Dr. Martin Luther King’s: Injustice anywhere is a threat to justice everywhere.

And

Montesquieu’s idea that There is no greater tyranny than that which is perpetrated under the shield of the Law and in the name of justice”

Montesquieu’s insight is drawn from one of the dictatorship’s familiar tools including massive collective punishments from a privatized judiciary under the control of the tyrant. In dictatorship, there is no checks and balances on the executive power.

Moreover, there is no escaping the dictatorship’s dragnet. Thus, where corruption and the brutality of the security forces fail to stifle dissonant voices, the dictator can always rely on judges as willing legal executioners of ordinary Cameroonians designate as real or supposed opponents.

Although, there will be no return to the expeditious, Stalinist-type trials that marked the period of Ahidjo, the first President of the country, with their procession of public executions and long incarceration , our great concern is the Biya regime, in power for 34 years and more, is its destructive and capricious habit to jail former closed collaborators.

And one legitimately wonders why he massively incarcerate people who were so close to him?

Part I. Three factors are to be considered here

1-The paranoia and the rise of Machiavellian political dirty tricks and the embrace of infamy that seem to have taken possession of the head of the State of Cameroon since the military coup which almost put an end to its presidency early on April 6, 1984, that is to say less than (02) Two years after taking office. This violent episode had, among other effects, the enforcement of loyalty alongside the establishment within the state apparatus of a surveillance system based on exacerbated patrimonial clientelistic networks running on passing around highly classified gossips backed with no credible evidences and therefore thin intelligence values, however, taken together, have brought the regime into a halt and led to a series of internal purges ruining the lives of innocent families. This illegal and shameful practices legitimized by a paranoia and Machiavellian president were highlighted by a former minister, quoted by the Cameroonian daily newspaper Le Messager: « The president exerts his influence into manipulating his ministers into committing political suicide by producing highly classified gossips, rumors and false allegations gathered with the purpose to ruin lives the president considers threatening and disloyal. That the president revel in turning members of his government into enemies of one another, particularly, those blinded by ambition and lack of integrity. The president achieves to do so by manipulating his close collaborators’ based instincts into producing irresponsible and shameful fabrication and circulation of rumors and gossips under the illusion they will get into his inner circle, irrespective of the fact that, the president as an expert in Machiavel has no inner circle. The minister added: « This manipulative technique has allowed the president to collect fabricated highly classified gossips such as so and so is so wealthy that he can finance a militia to seek power, so and so is so ambitious and disloyal that he is plotting to take power away from the president, so and so has created networks to destabilize the country with the complicity and support of foreign regimes which is treason.”

2- The absence of political alternative: despite the forced return to multiparty politics in the 1990s following Francois Mitterrand’s speech of La Baule, the supreme power has been held by the same person for more than three decades. Paul Biya has locked up the electoral system he absolutely controls. The opposition is completely ineffectual and fell prey to divisions and the tyrant’s manipulation and corruption.

The result: The prince is aware that great threats to his power come from his own camp not the opposition. Particularly, competent technocrats who have long served him and who could legitimately aspire to take his place. Consequently, after 2011, a year in which the President sought to amend the constitution to cancel a provision of the law that prevented the president to run for office indefinitely, a wave of arrest began to take shape. A few years before this change, described by some as a « constitutional coup d’état », rumors had been rung about the establishment by some high ranking members of his regime of the constitution of an informal group called G11, initials standing for generation 2011. The unsubstantiated rumors were that the G11 were preparing themselves to succeed Paul Biya, who should have left office that year, had he complied with the law. Some figures arrested and convicted for embezzling public funds now claim that they owe their misfortune for having their names attached to the G11, an organization whose real existence has never been proven. This was the case for former ministers Marafa Hamidou Yaya, Urbain Olanguena Awono, Abah Abah Polycarpe and many others.

Being in prison simply on the basis of unsubstantiated gossips is not morally and legally inadmissible. It is no crime to have served his country. It is still less a crime to want to serve it at the highest level if one wishes to submit to popular suffrage.

Moreover, it is, equally, legally and morally inadmissible to be imprison indefinitely as it is the case of the former minister Pierre Désiré Engo. Mr. Engo was imprisoned on trumped charges of illegal political activities, after being suspected of building up an oppositional political party under the guise of an independent association to defend and perpetuate the memory of a resistant to the colonization. Martin Paul Samba.

3- Thirdly, we see an atmosphere of end of reign in Cameroon. Paul Biya is officially 84 years old and if he has so far managed to hang on to power. However, we know that nature always ends up regaining his rights. In the entourage of the President, the question of his succession will continue to be asked, in spite of the dangers to which this type of interrogation exposes, in view of the undemocratic nature of power. This, of course, reinforces the practice of denunciation, which we have already mentioned. The ambition being this time to eliminate as many potential competitors to the succession of the chief, which would belong to an opposing clan.

Part II: All these essentially political cases were made possible by the bankruptcy of Cameroon’s judicial system.

In a democracy, justice is a great institution that plays both the role of counter-power and social regulation. Instrumentalized as such, the Cameroonian justice system is failing in its essential mission. The judicial system has turned into an instrument of political repression. The rules of the criminal procedure universally recognized and included in the Cameroonian law are regularly flouted by judges working for the president. Mainly, through legal despotism and a judicial culture of Delay and Ajournements manipulated to keep the defendants indefinitely at the mercy of the system.

Detention which becomes the rule and not what it should be, an exception, and is accompanied by a systematic refusal of provisional release.

Extremely long delays in preventive detention and trial, and the proliferation of cross-references that make trials last for several years.

A dramatization of arrests with the deployment of dozens of policemen and television cameras for the sole purpose of humiliating the suspects.

An unprecedented precipitation with serene justice. Thus, the Minister of Secondary Education, Louis Bapes Bapes, was still in office to be arrested on 31 March 2014 at his office and released the next day and resumed his work without any explanation. It is recalled here that Ms. Catherine Abena, who was Secretary of State for Secondary Education in the same ministry, had the same trajectory, except that she did not survive. Relaxed after a year in detention, she died weakened by disease complicated by the long hunger strike she had observed during her detention.

In Cameroon, there is no genuine presumption of guilt and benefit of doubt. In the same vein, Cameroon’s justice minister, Amadou Ali, said in the press: « I challenge anyone to prove that those arrested were innocent … Those who say they are innocent have well-hidden agendas. “And his government colleague and minister of communication, Issa Tchiroma Bakary, in turn, told a radio news conference of February 2, 2010: » What is being criticized today for all those in jail? They are accused of massively diverting public money. What do they want to do with all that money? Perhaps they aspire to govern. First of all, I would like to point out to you that for all CPDM militants who are now in prison, they know that the CPDM statute stipulates that the candidate of the party in the presidential election remains the National President. So all those who have diverted from the perspective of the presidential competition know that they cannot do it within the CPDM. “These remarks leave no room for doubt: business is political.

For these general considerations, we come to our definition of the political prisoner of Cameroon today:

We consider as a political prisoner any person who would be in prison for reasons other than those of ordinary law (commonly advanced) which might have served as a legal front for the triggering of his case.

For this purpose, we have selected some criteria to properly designate political prisoners in Cameroon:

1– Any defendant recognized and supported by local and international human rights organizations as a prisoner of conscience

2– Any convicted defendant kept in prison beyond the expiration of his sentence.

3– Any defendant being victimized a legal despotic culture of incessant delay and adjournments.

4– Any convicted defendant incarcerated in a special prison, other than the one under ordinary law

5 To these categories we add any person not related to the policy but who was imprisoned not for what it did but for what it is. Here we are dealing with homosexuals who are usually thrown to the hungry masses to prevent them from demanding accountability for the mismanagement of the country. We also add all the activists from anglophone minority persecuted and jailed over the protests to promote rights of nation’s English-speaking minority.

The mission of our movement is divided into several categories of actions

  • Investigate cases and gather all evidences of the political nature of detention

  • Sensitizing international public opinion through media campaigns and other actions

  • Mobilize all forces, organizations and institutions that can contribute effectively to the release of those whose political or arbitrary nature of detention has been established beforehand

  • Conduct and support any action before the international courts and interstate organizations in which Cameroon sits.

Part III

We call for a jolt of conscience and from the judges, who abandoned their oath of office and have served willingly as the judicial arm to all these televised Kangaroo show trials directed by the Executive Branch, sometimes under the pressure of fear, sometimes by lack of integrity and career opportunism. The fate of the litigant should not be used as a variable to adjust their professional trajectory.

We are appealing to the Cameroonian head of state Paul BIYA, whose responsibility is challenged in his role as guarantor of constitutional respect for the independence of the judiciary.

We ask international organizations not to remain silent on this situation which could seriously threaten social peace in Cameroon and wish them to make use of the privileged ties with the Cameroonian authorities for a speedy resolution of these cases.

We call on the international community and all goodwill to mobilize to end political imprisonments in Cameroon.

We thank you.