Discours de Dr. Christoph Hoffmann, Parti Démocrate Libéral, le 11 Octobre 2018, à l’Assemblé Nationale Allemande, sur la crise politique au Cameroun
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Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,
Dans la partie anglophone du Cameroun, il y a une guerre civile. C’est la dernière station d’un long échec du gouvernement de Yaoundé, qui depuis 20 ans a échoué ou n’a pas voulu la régionalisation promise dans la Constitution.
Dans la partie anglophone, les écoles sont fermées depuis deux ans. Des enfants se font tirer dessus par l’armée. Des personnes âgées sont brûlées vives dans des maisons incendiées par l’armée. 300 000 personnes sont en fuite dans leur propre pays, 30000 ont fui au Nigeria. Les champs d’une région particulièrement fertile ne seront plus cultivés, la faim suivra.
Vous voyez, nous dérivons vers une catastrophe humanitaire. L’Allemagne fournit une aide au développement au Cameroun depuis 50 ans. Malgré tout cet argent, il n’a pas été possible de stabiliser le pays de manière décisive. Et le gouvernement Allemand ne se préoccupe pas assez, et surtout beaucoup trop tard, des conflits en Afrique dans son ensemble. Ces conflits sont prévisibles et peuvent être résolus.
Comme je l’ai dit, la réaction a été beaucoup trop lente et, le cas échéant, comme dans le cas de la crise camerounaise : nous avions déposé notre motion en juin dans cette assemblé et nous sommes maintenant heureux de pouvoir enfin en débattre cinq mois plus tard.
Pourquoi la boîte à outils de prévention des crises n’est-elle pas déballée à temps ? Quels ont été les efforts ou les succès du gouvernement fédéral Allemand dans le lancement d’une initiative de l’Union Européenne dans ce domaine ? Où sont les efforts déployés par l’Allemagne au Conseil de Sécurité de l’ONU pour prévenir ou du moins atténuer cette catastrophe ? Où est la pression multilatérale ?
Le conflit dans la partie anglophone du Cameroun est un conflit tout à fait inutile et cruel et la toute dernière chose dont cette population pauvre peut avoir besoin actuellement. Hélas, il n’y a pas de fin en vue.
Comme l’oratrice précédente l’a mentionné à juste titre, les préoccupations de la population anglophone sont justifiées. La solution peut résider dans la régionalisation ou le fédéralisme, et l’Allemagne a une assez bonne expérience du fédéralisme et de l’autonomie régionale. L’Allemagne peut donc se proposer beaucoup mieux en tant que médiateur qu’elle ne l’a fait jusqu’à présent, ou ne l’a pas fait du tout.
Dimanche dernier, les Camerounais ont voté et il faudra attendre 14 jours avant que le scrutin ne soit dépouillé. Ensuite, le leader de 85 ans qui préfère vivre plusieurs mois à l’extérieur du pays dans des étages entiers d’hôtels 5 étoiles sera de nouveau déclaré président. Sur les 24 millions de Camerounais, seuls 6,5 millions étaient inscrits pour l’élection et, dans la partie anglophone, les élections n’ont pas eu lieu. Et une élection qui n’est pas juste, dans un État de droit qui ne l’est pas, ne peut être acceptée. La communauté internationale doit donc négocier une phase de transition post-électorale au cours de laquelle la réconciliation nationale sera possible et peut-être un retrait du Président aussi.
Monsieur Maas et Madame Merkel, vous devez également prendre l’initiative, enfin d’agir, au lieu de devoir utiliser à nouveau l’argent des contribuables pour des aides d’urgence. Une inaction ne peut pas être dans notre intérêt, sinon l’ écrivain américano-nigérian Cole aura encore raison de dire : le sauveur blanc tolère la politique brutale le matin, fonde une organisation humanitaire dans l’après-midi et reçoit un prix le soir pour cela.
Il faut mettre enfin un terme à tout cela, réveillez-vous, Monsieur Maas.
Dr. Christoph Hoffmann