Rappelons que ce sont des indiscrétions de l’ancienne ambassadrice américaine au Cameroun, publiées par le site WikiLeaks présidé par Julian Assange, qui sont à l’origine de la séquestration arbitraire de M. Marafa Hamidou Yaya au Cameroun.
La détention du fondateur de WikiLeaks est illégale. C’est ce qu’affirme ce vendredi un groupe de travail de l’ONU dont le rapport était très attendu à commencer par Julian Assange lui-même. Le cyber militant vit reclus depuis maintenant près de 4 ans à l’ambassade d’Equateur à Londres. Que va changer cette annonce, Julian Assange est-il libre de ces mouvements ?
C’est sur écran, en visioconférence depuis l’ambassade d’Equateur, qu’est apparu toute à l’heure le fondateur de Wikileaks lors du point de presse donné par ses avocats et ses soutiens. Les traits tirés, sourire sous la mèche blonde : « C’est maintenant à la Grande-Bretagne et à la Suède d’appliquer la décision de l’ONU », a déclaré l’Australien âgé de 44 ans, même si, pour l’instant, vous l’avez compris, il n’est pas question pour lui de mettre un pied dehors.
Pas question de quitter la représentation diplomatique équatorienne sous peine d’être arrêté immédiatement par les bobbies. Londres a prévenu : « Nous rejetons catégoriquement l’affirmation selon laquelle Julian Assange est victime d’une détention arbitraire ». Stockholm est visiblement sur la même longueur d’onde. Le cyber militant reste visé par un mandat européen pour agression sexuelle en Suède. La décision onusienne n’a « aucune incidence formelle sur l’enquête préliminaire en cours », a indiqué le parquet suédois.
Le groupe de travail de l’ONU parle donc dans le vide
Si l’avis de ce comité créé en 1991 par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU n’est pas contraignant effectivement, il est généralement suivi par les États concernés, sauf lorsqu’il s’agit de pays autoritaires. Mais on parle ici de la Suède et du Royaume-Uni. Pour les avocats d’Assange, la balle est donc maintenant dans le camp de Londres et de Stockholm. Le cofondateur de WikiLeaks attend la restitution de son passeport. Si rien ne se passe cela pourrait donc tourner à l’affrontement diplomatique, espèrent encore ses avocats.
Que craint Julian Assange s’il sort de l’ambassade équatorienne ?
D’abord d’être extradé en Suède où il est poursuivi dans deux affaires : une affaire d’agression sexuelle qui est tombée sous le coup de la prescription cinq ans après les faits, et une affaire de viol qui remonte à 2010. Julian Assange nie les faits qui lui sont reprochés, mais l’affaire est toujours en cours. Et puis surtout, le cyber militant s’inquiète d’une possible extradition aux États-Unis qui eux aussi l’attendent au coin du bois. Et on sait pourquoi : le fondateur de WikiLeaks a publié près de 500 000 documents classés secret défense en 2010 sur l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. La source : c’est le deuxième classe Bradley Manning. Le soldat américain a été condamné à 35 ans de prison en 2013 pour espionnage.
En dehors des procédures judiciaires, que change cette décision de l’ONU en termes d’images pour le cyber activiste ?
C’est effectivement aussi une affaire d’image pour Assange qui, rappelons-le, à épuisé des dizaines de recours pour recouvrer sa liberté avant de se tourner vers ce groupe de travail onusien. Le comité sur les détentions arbitraires de l’ONU s’est fait connaitre en 2001 lorsqu’il a dénoncé les conditions de surveillances d’Aung San Suu Kyi en Birmanie. C’est donc aussi une caisse de résonance pour l’Australien qui entend redorer son blason.
Julian Assange est à la fois perçu comme un héros des libertés par ces fans, c’est aussi une personnalité complexe voir paranoïaque. Celui qui se vante d’avoir inventé « le premier service de renseignement du peuple au monde » et d’avoir mis en avant les lanceurs d’alerte est parfois difficile à gérer. L’ancien hacker n’en peut plus de son refuge prison dorée et de sa chambre de 18m², au premier étage de son ambassade à Londres. Un lit, un ordinateur, une lampe à bronzer et un tapis de course. Assange ne veut pas utiliser le balcon, il a peur parait-il pour sa sécurité. Les personnels de l’ambassade ont pensé à le faire sortir par les toits, par un véhicule de l’ambassade et même par la valise diplomatique. Mais pour aller où ? S’il recouvre sa liberté, Julian Assange affirmait, ce vendredi matin au micro de nos confrères de France Inter, qu’il irait bien en France pour retrouver ses enfants.
« Victoire ! »
Julian Assange est apparu dans l’après-midi au balcon de l’ambassade équatorienne et a crié « victoire ! » appelant à mettre fin à sa détention arbitraire, rapporte notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix. Le fondateur de WikiLeaks estime avoir remporté une victoire morale « d’une importance historique » et entend profiter pleinement de ce nouveau coup de projecteur dans l’espoir de pouvoir ressortir de l’ambassade équatorienne près quatre ans après y être entré.
Du haut du balcon de cette résidence, située dans le luxueux quartier de Knightsbridge, il s’est adressé à un petit groupe de sympathisants perdus dans une forêt de micros et de caméras. Brandissant le rapport du groupe de travail de l’ONU, le fondateur de Wikileaks a assuré que ce document était contraignant et ne laissait d’autre choix au Royaume-Uni et à la Suède que d’abandonner les poursuites contre lui.