La crise Anglophone, je n’y comprends rien mais je vais quand même essayer de l’expliquer à ma fille. Pour info, elle est en classe de rhétorique. Si, comme moi, vous aussi avez du mal y voir clair, essayez donc de l’expliquer à vos enfants. Ces gamins à qui nous devons transmettre valeurs et principes. Ces lycéens qui apprennent à raisonner. Profitons-en, essayons d’en faire des hommes et femmes de bien. Essayons cet antidote de l’ensauvagement.
Au hasard de mes lectures “faceboociennes”, j’ai choisi quelques mots et concepts sur lesquels les internautes se disputent :
UN MANIFESTANT n’est pas un ennemi. Manifester, c’est dire, crier, hurler son mĂ©contentement quand on a Ă©puisĂ© tous les autres moyens de se faire entendre. Dans une sociĂ©tĂ© civilisĂ©e, manifester est une libertĂ© constitutionnelle. Les avantages de la libertĂ© Ă©tant supĂ©rieurs Ă ses inconvĂ©nients il convient donc, toujours et en toutes circonstances, se battre pour la dĂ©fendre.
SE PROCLAMER SÉCESSIONNISTE peut choquer ceux qui n’en sont pas. Mais, le dire c’est Ă©mettre une opinion que l’on peut dĂ©construire en la confrontant Ă des arguments plus sĂ©duisants et convaincants, dans le cadre d’un dĂ©bat. Les soldats peuvent empĂŞcher la sĂ©cession par les armes mais ils n’annihileront jamais l’idĂ©e sĂ©cessionniste.
DIABOLISER ceux qui ne pensent pas comme nous c’est faire preuve d’intolérance. Cette dernière fait naître un sentiment d’injustice qui nous oppose au lieu de nous rapprocher. Pire, les traiter de « TERRORISTES », c’est les délégitimer, voire les déshumaniser pour justifier le refus de discuter avec eux.
FAIRE DE LA POLITIQUE c’est discuter, nĂ©gocier, concĂ©der, s’accorder. ArrĂŞter et incarcĂ©rer des leaders modĂ©rĂ©s c’est faire preuve de myopie. En effet, cela revient Ă se priver d’interlocuteurs sĂ©rieux et, dans le mĂŞme temps, Ă donner raison aux extrĂ©mistes.
FORMER UN GOUVERNEMENT CLANDESTIN, lever le drapeau d’une rĂ©publique fantoche, c’est poser des actes politiques qui appellent des rĂ©ponses politiques. Leur opposer la force est une erreur. Appeler au meurtre des “coupables” est une faute, d’autant que tĂ´t ou tard, il faudra nĂ©gocier.
HUMILIER et supplicier le “prĂ©sident” de la RĂ©publique fantoche, c’est en faire un martyr, une figure d’identification pour la jeunesse en quĂŞte de repères. L’effet dissuasif est limitĂ© mais l’effet boomerang dĂ©vastateur.
LA RÉPUBLIQUE est une construction humaine inventée par les Romains. En revanche, la Justice est une valeur, un idéal, qui surpasse la république. On ne peut pas, au nom d’une prétendue défense de la république, valider l’injustice des punitions collectives. Par ailleurs, dans l’hypothèse où des manifestants se seraient livrés à la violence contre les forces de l’ordre, la riposte de celles-ci devait être proportionnée aux attaques. C’est le principe de la légitime défense. Dès lors, incendier des villages ou violer des étudiantes ne constituent en rien une riposte acceptable.
DÉFENDRE UN PAYS n’a de sens que si cet engagement implique de sauvegarder le bien-ĂŞtre et la sĂ©curitĂ© de sa population. Qu’est-ce donc qu’un territoire, si ce n’est un tas de molĂ©cules ? On ne tire pas sur les habitants d’un pays qu’on prĂ©tend “dĂ©fendre”. Le patriotisme n’est pas un humanisme.
Par Georges Dougueli