En AlgĂ©rie, plusieurs hommes d’affaires ont Ă©tĂ© arrĂŞtĂ©s lundi 22 avril par la gendarmerie dans le cadre d’enquĂŞtes sur des affaires de corruption. Ali Haddad, l’ancien leader du patronat, rĂ©putĂ© proche de SaĂŻd Bouteflika, le frère de l’ancien prĂ©sident, est, lui, dĂ©jĂ incarcĂ©rĂ© depuis le 31 mars dernier. DĂ©sormais, ce sont les frères Kouninef, Ă la tĂŞte d’un grand groupe, qui ont Ă©tĂ© arrĂŞtĂ©s par les autoritĂ©s tout comme Issad Rebrab, le patron de Cevital, premier employeur privĂ© du pays.
Lundi matin, les autorités annonçaient qu’Issad Rebrab avait été interpellé, une information démentie par son groupe Cevital. Dans la nuit de lundi à mardi, le chef d’entreprise a finalement été placé sous mandat de dépôt et transféré à la prison d’el-Harrach. Selon l’agence officielle de presse, il est poursuivi pour fausses déclarations liées à des transferts de capitaux vers l’étranger, surfacturation d’équipements importés et importation de matériel d’occasion.
Sixième fortune d’Afrique
Il a 74 ans et c’est la première fortune d’AlgĂ©rie, la sixième d’Afrique, selon le magazine amĂ©ricain Forbes, qui Ă©value son patrimoine Ă 3,7 milliards de dollars. Issad Rebrab a fondĂ© Metal Sider Ă la fin des annĂ©es 1980, puis le groupe Cevital dans les annĂ©es 1990 : sidĂ©rurgie, Ă©lectronique, Ă©lectromĂ©nager, travaux publics, le groupe revendique 18 000 employĂ©s, quatre milliards de dollars de chiffre d’affaires et 26 filiales rĂ©parties sur trois continents.
Le premier employeur privĂ© d’AlgĂ©rie est notamment prĂ©sent dans la Corne de l’Afrique mais aussi au BrĂ©sil, en Italie, en Espagne ou en France oĂą Cevital a rachetĂ© le fabricant de fenĂŞtres Oxxo et le groupe Ă©lectromĂ©nager Brandt. Issad Rebrab est Ă©galement prĂ©sent dans les paradis fiscaux : le journal Le Monde, qui a enquĂŞtĂ© sur les « Panama Papers », rĂ©vèle ainsi que l’homme d’affaires algĂ©rien compte « parmi les plus anciens clients du cabinet d’avocats panamĂ©en Mossack Fonseca ».
Un électron libre
Mais Issad Rebrab, perçu comme un oligarque au mĂŞme titre que toutes les plus grandes fortunes du pays, est aussi « un Ă©lectron libre », pourfendeur de la « mauvaise gouvernance » du pays, en conflit depuis des annĂ©es avec les autoritĂ©s qui ont bloquĂ© plusieurs de ses projets industriels. Il a d’ailleurs cofondĂ© l’un des principaux journaux d’opposition, LibertĂ©.
Ironie de l’histoire : alors qu’il avait mĂŞme manifestĂ© contre le système en place, dĂ©but mars, Issad Rebrab a finalement Ă©tĂ© arrĂŞtĂ© dans la foulĂ©e de l’ex-prĂ©sident du patronat algĂ©rien, Ali Haddad, et des frères Kouninef. Des hommes d’affaires pro-Bouteflika, concurrents directs et adversaires personnels d’Issad Rebrab.

















