L’instrumentalisation de la justice pour empĂŞcher la libertĂ© d’expression en organisant des procès de façade interminables et dont l’issue connue de tous est la condamnation des leaders d’opinion, journalistes, Avocats, activistes du Web est la manifestation sans Ă©quivoque, des États liberticides et antidĂ©mocratiques.
Prenons en exemple, le cas actuel d’un jeune activiste camerounais des rĂ©seaux sociaux, bien connu des camerounais de la toile, Paul CHOUTA.
Il a fait l’objet d’une plainte pour diffamation de la part de l’ex Ă©crivaine Calixte Beyala, femme bien introduite au Cameroun.
Il a été mis sous mandat de dépôt à la prison Centrale de Yaoundé , après une garde à vue irrégulière de plus de 10 jours à la police judiciaire de Yaoundé.
Ce qui en principe devrait entraîner selon le code de procédure pénale, la nullité de cette procédure.
L’affaire avait Ă©tĂ© appelĂ©e plus de 03 fois, sans ĂŞtre jugĂ©e. Ce qui relève de l’inĂ©dit en matière de diffamation, oĂą il est simplement question de demander Ă celui qui allĂ©gue un fait s’il a des preuves ou pas, afin que le juge en tire les consĂ©quences de droit. Rien de compliquĂ© dans ce domaine.
Mais dans ce cas non. L’affaire est renvoyĂ©e souvent parce que la plaignante ou ses conseils ne sont pas prĂŞts. Mon Dieu !
Vous dĂ©posez une plainte et le jour de l’audience, vous n’ĂŞtes pas prĂŞt et on vous concède un renvoi.
L’affaire est renvoyĂ©e alors qu’une personne prĂ©sumĂ©e innocente est privĂ©e de sa libertĂ©.
Au cours de cette procédure , une autre plainte est déposée contre une certaine dame par Calixte Beyala.
Le juge décide de joindre cette procédure avec celle pendante contre le sieur CHOUTA.
La dame qui jouit pour des supposés mêmes faits de sa liberté, fait appel de cette décision de jonction de procédures.
La procĂ©dure contre Paul CHOUTA est suspendue, en attendant l’aboutissement de l’appel faite par la dame sur la jonction de procedure dĂ©cidĂ©e par le juge.
Et pendant ce temps, CHOUTA est en prison.
Le dossier est monté en appel.
A ce jour personne ne sait quand l’affaire sera jugĂ©e en appel sur la jonction de procĂ©dure contestĂ©e par la dame.
PAUL CHOUTA est là , toujours en prison pour des faits qualifiés maintenant de propagation de fausses nouvelles par voie cybernétique.
Or dans tous les pays de droit romain, France, Italie. Belgique, SĂ©nĂ©gal, Burkina, y compris dans le code pĂ©nal camerounais , on ne parle de propagation de fausses nouvelles que lorsqu’il s’agit des atteintes Ă la sĂ»retĂ© intĂ©rieure ou extĂ©rieure de l’Etat. Jamais quand il s’agit d’une atteinte Ă l’honneur d’une personne privĂ©e.
Quand on allĂ©gue des faits qui portent atteinte Ă l’honneur ou Ă la considĂ©ration d’une personne et dont on ne peut rapporter la preuve, on parle dans de diffamation, dont la peine maximale est de 6 mois.
Mais curieusement, depuis 08 mois Paul CHOUTA est en prison et personne ne sait quand son dossier sera appelé.
Et vous voulez qu’on se taise ?
Non.
La liberté est un droit que chaque citoyen doit défendre et proteger.
Garder silence quand les droits et libertĂ©s d’un homme dont bafouĂ©s dans un pays nous rend citoyennement responsable de la dĂ©gradation de l’Etat de droit.
Par Me Christian Bomo Ntimbane

















