Crédit Photo : Eugène Diomi Ndongala (à gauche) aux côtés d’Etienne Tshisekedi, en l’église Notre-Dame de Kinshasa, en juin 2012. © AFP PHOTO / JUNIOR DIDI KANNAH
L’Église catholique poursuit ses consultations avec les acteurs de la crise congolaise afin de réunir un dialogue inclusif. Parmi les mesures permettant une décrispation politique, la libération de prisonniers que l’opposition qualifie de «politiques» comme Eugène Diomi Ndongala ou l’arrêt des poursuites contre les opposants.
L’Église catholique poursuit ses consultations avec les acteurs de la crise congolaise. Après le facilitateur de l’union africaine et le G7 mercredi, les évêques de la conférence épiscopale ont reçu majorité, opposition républicaine, dynamique de l’opposition et l’Udps et ses alliés. Objectif : obtenir la tenue effective d’un dialogue inclusif et là, tous les autres ont échoué : le facilitateur de l’Union africaine et le groupe de soutien de la communauté internationale ou même le président Sassou Nguesso qui a tenté lui aussi de rapprocher les points de vue.
Deux points d’achoppement : le facilitateur récusé par l’opposition, soutenu par la majorité et les mesures de décrispation dont la libération des prisonniers politiques et la fin des poursuites contre des opposants comme Moïse Katumbi.
Et parmi ces figures dont l’opposition demande la libération, il y a Eugène Diomi Ndongala, leader de la démocratie chrétienne et de la Majorité présidentielle populaire (MPP), une plateforme née de la contestation des résultats de l’élection présidentielle de 2011. Il a été condamné pour viol, une accusation que sa famille politique dénonce.
Pour le porte-parole de la MPP, Jean-Pierre Boka, il ne peut pas y avoir de dialogue crédible sans libération de Diomi et des autres. « C’est un prisonnier politique ! Tout ce qu’on lui a reproché n’a rien à voir avec la justice congolaise, s’indigne Jean-Pierre Boka. C’est pourquoi c’est important qu’il soit là pour participer et apporter à ce dialogue, les aspirations du peuple congolais que lui représente et cela servirait aussi à décrisper la situation politique du pays parce ce que on ne dialogue pas la peur au ventre. On ne dialogue pas le revolver sur le tympan. »
RFI : Mais le gouvernement prend toujours l’exemple Eugène Diomi Ndongala, en disant on nous demande de libérer les prisonniers politiques mais on ne peut pas libérer quelqu’un qui a été condamné pour viol ?
« Non, vous savez qu’il n’y a pas d’infraction politique, on couvre les infractions politiques sous des infractions de droits communs », rétorque Jean-Pierre Boka.
Le sénateur She Okitundu est venu à rencontrer les évêques pour le compte de la majorité. Pour lui, le président Kabila et le gouvernement ont déjà fait beaucoup et s’apprêtent à faire plus. Mais il y a des limites, explique-t-il à RFI. « Le président de la République déjà, dans le message précédent : l’ordonnance portant ‘’convocation du dialogue’’ avait pris l’engagement de procéder à certaines mesures de décrispation. C’est ce qui a commencé avec les mesures de grâce présidentielle dont certaines personnes ont bénéficié, et ces mesures de grâce ne sont pas les dernières. Je crois qu’au fur et à mesure que les conditions légales sont remplies, les personnes concernées bénéficieront de ces mesures de grâce. »
RFI: Par exemple, la Démocratie chrétienne dit qu’il ne peut pas y avoir de dialogue sans Eugène Diomi Ndongala ; le G7 va parler du cas de Moïse Katumbi ?
« Il faut voir le contenu du dossier pour voir si les conditions sont remplies, explique le sénateur She Okitundu. Parce qu’il y a certains cas que vous citez, qui relèvent plutôt du droit commun. Toutes les autres personnes qui remplissent les conditions devront bénéficier des mesures de grâce présidentielle. »
La majorité demande en guise de mesures de décrispation à l’opposition, de cesser ces discours incendiaires, appelant notamment à un soulèvement populaire en cas de non-respect des élections dans les délais constitutionnels. L’opposition parle, elle, d’abus des leviers du pouvoir et dénonce des discours tout aussi incendiaires sur la télévision nationale ou les chaînes proches du pouvoir.
Par RFI