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Malgré les manifestations, Paul Biya toujours en Suisse
REPORTAGE. Depuis un mois, les opposants au président camerounais tentent par tous les moyens de perturber le séjour du président camerounais à l’hôtel Intercontinental.

Paul Biya est arrivĂ© Ă Genève le 11 juillet dernier. Et comme Ă son habitude, depuis des dĂ©cennies, il est descendu Ă l’hĂ´tel Intercontinental, situĂ© Ă deux pas du palais des Nations. Dans ce cinq Ă©toiles, il loue un Ă©tage entier. En 2019, lors de son prĂ©cĂ©dent dĂ©placement, des opposants avaient multipliĂ© des actions pour « pourrir » son sĂ©jour. En usant de manifestations et d’opĂ©rations commandos, ils avaient tenté d’entrer de force dans le palace. Finalement, la Suisse avait conseillĂ© Ă Paul Biya d’aller se reposer sous d’autres cieux…
Bis repetita pour un séjour très contesté
Cette année, le même séjour produit les mêmes effets. Mais le président camerounais s’obstine et la Confédération, pour l’instant, n’a pas bougé. Le 16 juillet, ce sont d’abord une dizaine d’activistes qui forcent l’entrée de l’Intercontinental en hurlant « Paul Biya, sors de là  ! », tout en filmant leur action. Ils sont arrêtés par la police et condamnés pour « violation de domicile ». Les autorités genevoises interdisent alors la manifestation prévue le 17 juillet en raison d’« un risque concret de débordement ». Cela n’empêche pas une centaine d’opposants camerounais d’occuper la place des Nations. Certains tentent de forcer le passage vers l’hôtel Intercontinental. La manifestation interdite est réprimée par la police à l’aide de gaz lacrymogènes, de balles en caoutchouc et de canons à eau. Les opposants crient : « Paul Biya assassin, la Suisse complice », raconte La Tribune de Genève.
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Des protestations suisses
Le rassemblement tourne à l’émeute, une douzaine de personnes sont condamnées, dont deux pour « infraction à la loi sur les armes ». Une autre pour « provocation publique au crime ou à la violence ». Dans la presse, le député socialiste Sylvain Thevoz estime que la Suisse peut accueillir Paul Biya dans le cadre de négociations politiques. « Mais là , il vient à des fins privées. Ce n’est pas à nous, Genevois, de payer pour un déploiement policier afin que Monsieur Biya puisse aller faire les boutiques à la rue du Rhône ». Une artère réputée pour ses banques, ses bijouteries et ses boutiques de luxe. Samedi 7 août, nouveau rassemblement contre le régime de Paul Biya, toujours sur la place des Nations. Une dizaine de manifestants tente, sans succès, d’atteindre le palace accueillant le président camerounais. Cette fois, il n’y a pas eu d’interpellations.
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Tournant judiciaire
De son cĂ´tĂ©, le Tribunal fĂ©dĂ©ral, la plus haute instance judiciaire de Suisse, s’est penché sur les manifestations anti-Biya de 2019. Cinq membres de la garde rapprochĂ©e du maĂ®tre de YaoundĂ© avaient molestĂ© un journaliste de la radio-tĂ©lĂ©vision suisse. Non seulement ils avaient pris son matĂ©riel professionnel et ses effets personnels, mais ils avaient aussi cassé ses lunettes. CondamnĂ©s Ă de la prison avec sursis par le Ministère public genevois, les gardes du corps avaient fait appel. D’abord devant la Chambre pĂ©nale de la Cour de justice, qui les a dĂ©boutĂ©s. Ensuite devant le Tribunal fĂ©dĂ©ral. Ils estimaient pouvoir bĂ©nĂ©ficier d’une immunitĂ©, agissant pour la « sĂ©curitĂ© prĂ©sidentielle ». Or, Paul Biya n’était pas prĂ©sent au moment des faits et le journaliste ne filmait mĂŞme pas… Nouveau revers. Le Tribunal fĂ©dĂ©ral a condamnĂ© les gros bras Ă payer les frais judiciaires et Ă indemniser leur victime.
Par notre correspondant à Genève, Ian Hamel