Paix à l’âme de l’ancienne première dame camerounaise Germaine Ahidjo qui s’est éteinte comme son défunt mari Ahmadou Ahidjo en exil à Dakar au Sénégal, sans être parvenue à obtenir le rapatriement officiel des restes de ce dernier dans ce Cameroun qu’il a dirigé d’une main de fer de 1958 à 1982.
Que la terre de Dakar leur soit légère.
JDE
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Marafa Hamidou Yaya, Prisonnier politique camerounais:
“Madame Ahidjo, veuve du premier Président de la République du Cameroun, s’est éteinte cette nuit à Dakar. Je dis bien « éteinte », car elle portait dans son cœur la flamme ardente de l’amour de son pays, une flamme que presque quarante ans d’exil n’avaient pas fait vaciller, et que seule la mort a fait tomber.
Ce qui reste vivant au-delà de sa disparition, c’est l’exemple des qualités qu’elle a su incarner dans son fier combat pour le retour de la dépouille de son mari dans sa terre natale et pour la réhabilitation de sa mémoire, ainsi que dans sa digne résistance aux épreuves de l’éloignement de sa patrie. Un exemple qui éclaire le chemin que doit suivre notre nation : celui de l’unité et de la réconciliation.
A sa famille et à ses proches, j’adresse mes condoléances émues et reconnaissantes, auxquelles se joignent, je le sais, les Camerounaises et les Camerounais.”
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A PROPOS DE GERMAINE AHIDJO, LE DRAME EN AFRIQUE, AU CAMEROUN…
C’est que tu peux bâtir un palais d’Etat, dans ton pays, et finir, reclus, contre ton gré, dans un cimetière dans un autre pays africain, où tu es mort de crise cardiaque. Mort de voir ton pays dériver lentement.
C’est que tu peux transmettre le pouvoir puis te brouiller avec ton successeur, lequel ne prononce plus jamais ton nom dans un discours.
C’est que tu peux bâtir un Etat et qu’à ta mort, pour le retour de ta dépouille, on oublie ton statut d’ancien chef d’Etat pour te restreindre au seul statut de chef de famille. De ta famille…
C’est que tu peux incarner un État pendant 25 ans et que l’on rétorque à votre épouse, qui se bat depuis votre décès pour le retour de votre sépulture, que tout cela dépend de votre famille.
C’est que tu peux avoir combattu ceux qui voulaient l’indépendance véritable de ton pays, au profit de celle octroyée par la France, et donc, avoir laissé la dépouille de tes opposants à l’étranger, et que ton successeur t’applique le même traitement.
C’est que tu peux avoir banni le nom de figures de la lutte pour l’Indépendance et que l’on t’applique le même opprobre.
C’est que ton épouse se batte avec panache, élégance légendaire, mais ne sois jamais reçue par ton successeur pour fumer le calumet de la paix. Que deux de tes enfants soient seuls cooptés par la suite du système que tu as mis en place comme seule ruse politique.
Paix à l’âme de Germaine Ahidjo. Que sa mort renforce la nécessité d’un travail et d’un devoir de mémoire, d’une vérité et réconciliation et d’un véritable apaisement des cœurs au Cameroun !
A. Mounde Njimbam