By Olivier Tchouaffe, PhD and CL2P contributor
It has been 6 years since the special criminal court was created and it is important to take stock of a court which had so many controversial impacts in Cameroonian politics.
This court, originally, seems to have been created to stop a culture of theft and corruption of public wealth in Cameroon. Precisely, to deter potential white-collar criminals to keep raiding the state coffers. No single Cameroonians who deeply love his country can be, in practical terms, against the Special Criminal Court.
As usual, however, the devil is in the details. As of today, the government of Cameroon has only managed to recover 3 billion CFA francs only. How to explain this meager harvest with regard to the sum of the amounts imputed to all the litigants of this Court?
This failure indicts how our legal specialists embedded in legal despotism, legal sophistry, the confiscation of the law and unconditional loyalty to the president are, in fact, very inefficient. The Special Tribunal and the dark cabinet that drive these litigations have only themselves to blame for these lackluster results bringing to the forth the necessity of alternative forms of justice and independent commissions to tackle these crucial issues.
Indeed, the Special Tribunal and the dark cabinet, however, are not the only way to address justice in Cameroon. As such, we understand that Cameroonians are known to be very patriotic and resent being told what to do, particularly, by foreigners and those “foreigners” include also ordinary Cameroonians living in the Diaspora. For a more efficient judicial system, it is necessary to recreate the conditions to bring African traditional forms of laws and rituals known as “The Palaver Tree”. As with the “Palaver Tree,” traditional African societies did not even have prisons. It is because the Palaver Tree was grounded on the notion of restorative justice. Restorative justice addresses conflicts and crimes in ways that are restorative and transformative rather than punitive. This form of justice empowers a group of people affected by an incident to collectively decide how to repair the harm.
Restorative justice is a system where those who have been harmed take a role in guiding the process, and those who have caused harm make repairs. The focus is on restoring, as much as possible, the situation to the conditions as they were before harm. As such, restorative justice is not necessarily about right and wrong and legal sophistry and legal despotism but sharing point of views with an empathetic approach.
This transformative approach to justice, conflict-response strategies center on a greater sense of transformation and liberation. This is an approach that takes into account: The life experiences of both individuals and communities involved. The larger social conditions at work; an approach that seeks to integrate both personal and social transformation and less social hierarchies and the idolatry of power,
This transformative approach requires being educated on the practices of restorative and transformative justice and how to help redefine ideas about self-determination and autonomy surrounding justice, and modes of healing that includes even, outside of the criminal legal system. For example, restorative justice is informed on culture and mentality.
As such, transformative justice suggests that we think about the ways in which the state not only fails to serve victims of violence but also creates the conditions that lead to abuse. The Palaver Tree, consequently, addresses the effects of power and the material conditions that sustain that power. Hence, the palaver tree is a perfect site to address imbalances of power because everyone is involved as communal citizens with equal rights. And allow marginalized people to be involved in ways that prevent commodified understanding of really complicated topics. These new legal regimes are based on the building of a civitas where everyone is the guarantor of the civil rights of the other and vice versa.
The palaver tree is therefore a way of preventing the privatization of justice and the establishment of justice where all citizens are judged fairly by their fellow citizens and without the obstruction and tampering of political power. The citizen jury is the light that points to the flame where justice lives.
By Olivier Tchouaffe, PhD and CL2P contributor
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Version française: Le Cabinet Noir contre L’Arbre à Palabres et le Jury Citoyen: Pour une justice réparatrice et transformatrice au Cameroun
Par Olivier Tchouaffe, PhD et contributeur du CL2P
Il y a six ans que le Tribunal criminel spécial (TCS) a été créé et il est important de faire le point sur une juridiction qui a un si grand impact dans l’inconscient collectif et est une source de controverses dans la politique camerounaise.
Ce tribunal, à l’origine, semble avoir été créé pour éradiquer la culture du vol et le détournement endémique de la fortune publique au Cameroun, précisément, afin de dissuader les potentiels criminels à col blanc de continuer à piquer dans les caisses de l’État. Aucun Camerounais qui aime profondément son pays ne pouvait être, en pratique, contre le Tribunal criminel spécial (TCS).
Mais comme d’habitude le diable est dans les détails. À ce jour, le gouvernement du Cameroun n’a réussi qu’à récupérer uniquement 3 milliards de francs CFA (à vérifier). Comment expliquer cette maigre récolte en comparaison des sommes exhorbitantes souvent imputées par ce même Tribunal criminel spécial (TCS) aux supposés «prévaricateurs de la fortune publique»?
Cet échec est une démonstration flagrante que les juristes spécialisés dans le despotisme judicaire, les sophismes juridiques, la confiscation de la loi et la loyauté absolue au tout puissant Président de la république sont de facto très inefficaces. Le Tribunal criminel spécial (TCS) et le cabinet noir de la celllule juridique du Président de la République qui orchestrent ces procès doivent seuls assumer la responsabilité de cet échec retentissant, qui plaide en faveur d’autres formes de justice et pour la constitution de commissions indépendantes afin de régler ces fleaux sociaux.
En effet le Tribunal criminel spécial (TCS) et le cabinet noir du Président ne devraient pas être la seul moyen de rendre justice au Cameroun. Ce d’autant que les Camerounais ont la réputation et aiment se targuer d’être de grands patriotes qui se moquent généralement de tous ceux qui prétendeent leur faire la leçon notamment en matière dee Justice et d’État de droit; en particulier quand ils sont les étrangers et parmi ceux-ci les Camerounais ordinaires vivant dans la diaspora.
Pourtant pour rendre notre système judiciaire plus efficace, il paraît nécessaire de recréer les conditions nécessairees pour ramener ou réinserrer les formes traditionnelles et les rites africains connus sous le nom de “l’arbre à palabres”. Car grâce à l’arbre à palabres les sociétés africaines traditionnelles n’ont même pas eu recours aux prisons. C’est essentieellement parce que l’arbre à palabres a été fondé sur la notion de justice réparatrice. La justice réparatrice aborde les conflits et les crimes de manière réparatrice et transformatrice plutôt que punitive. Cette forme de justice permet à un groupe de personnes touchées par un incident de décider collectivement du mode de réparation du préjudice.
La justice réparatrice est un système où ceux qui ont été blessés jouent un rôle dans la conduite du processus légal, et ceux qui ont causé les dommages s’en acquitttent des réparations. L’accent est avant tout mis sur la restauration – dans la mesure du possible – de la situation dans les conditions telles qu’elle existait antérieurement à la survenance de l’infraction ou du drame. En tant que tel, la justice réparatrice n’est pas nécessairement sur le vrai et le faux, propices au sophisme juridique et au despotisme légal; mais sur un échange des points de vue dans une approche empathique.
Dans cette approche transformatrice de la justice, les stratégies de réponse aux conflits se concentrent sur un plus grand sens de la transformation et de la libération. C’est une approche qui prend en compte: les expériences respectives de vie des individus et des communautés impliquées. Les conditions sociales ont plus de poids que le travail, les hiérarchies sociale et l’idolâtrie du pouvoir. C’est une approche qui cherche à intégrer la transformation personnelle et sociale.
Cette approche transformatrice exige néamoins d’être éduqué sur les pratiques de la justice réparatrice et transformatrice et comment aider à redéfinir les idées sur l’autodétermination et l’autonomie entourant la justice et les modes de guérison qui inclus des pratiques, en dehors du système juridique criminel. Par exemple, la justice réparatrice accorde une grande importance à la culture et aux mentalités.
En tant que tel, la justice transformatrice suggère que nous pensions non seulement à la façon dont l’État manque à ses devoirs auprès des victimes de violence, mais aussi aux conditions qui entraînent ces abus. L’arbre à palabres aborde ainsi les effets de l’excès de pouvoir et les conditions matérielles qui produisent ces effets. Par conséquent, l’arbre à palabres parait le lieu lee mieux indiqué dans nos sociétés pour remédier aux déséquilibres de pouvoirs, parce que tout le monde s’y sentirait plus concerné en tant que citoyen avec des droits égaux. Et permettre aux personnes marginalisées d’être impliquées dans les processus juridiques empêche la commodification de sujets complexes, puis établit une civitas où chaque citoyen est garant des libertés des autres et vice versa.
Par conséquent l’arbre à palabres (qui prête souvent à sourires de nos jours) peut être une façon efficace d’empêcher la privatisation de la Justice afin de concourir à l’établissement d’une justice où tous les citoyens sont jugés de manière équitable par leurs concitoyens et sans obstruction ou instrumentalisation, évitant notamment les effets désastreux de l’altération d’un pouvoir politique omnipotent. Le jury citoyen pourrait ainsi être la lumière (ou une des lumières) qui alimenterait la flamme d’une justice camerounaise à restaurer.
Prenons-en conscience!
Olivier Tchouaffe, PhD et contributeur du CL2P